It is copied from Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Libert%C3%A9 Authored under GFDL license: http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html Libert Un article de Wikipdia, l'encyclopdie libre. Aller : navigation, recherche La Libert guidant le peuple par Eugne Delacroix (1830)(Muse du Louvre, Paris) Agrandir La Libert guidant le peuple par Eugne Delacroix (1830)(Muse du Louvre, Paris) La libert est une notion qui dsigne d'une manire ngative l'absence de soumission, de servitude et de dtermination, c'est--dire qu'elle est une notion qui qualifie l'indpendance de l'tre humain. D'une manire positive, elle dsigne l'autonomie et la spontanit d'un sujet rationnel, c'est--dire qu'elle qualifie les comportements humains volontaires et en constitue la condition. Cette notion est la fois conue comme une valeur abstraite et normative de l'action humaine et comme une ralit concrte et vcue. Ces deux perspectives se recoupent de diverses manires et peuvent provoquer des erreurs de catgories. Il existe ainsi de nombreuses confusions possibles propos du terme de libert. Il faut donc prendre soin de distinguer les diffrents sens de ce mot. La libert peut constituer un attribut de l'tre humain, de sa volont, et tre la condition de droits naturels ou positifs, mais aussi de devoirs ; la ralisation effective de l'acte volontaire peut nanmoins comporter une dimension vcue que l'on ne saurait rduire ce qui prcde. Ces deux plans de l'existence humaine ne sont pas ncessairement compatibles : par exemple, l'existence des liberts juridiques est constatable, alors que la ralit (son existence dans nos actes) et l'essence (la conception que nous nous en faisons) de la libert posent problme. La Libert clairant le monde, dans le port de New York Agrandir La Libert clairant le monde, dans le port de New York Le premier point peut faire l'objet d'une enqute socio-politique ; son fondement mtaphysique et le second point concernent plus particulirement le problme philosophique de la libert. Cet article sera donc divis en deux parties pour en faciliter la lecture : une partie philosophique, traitant de ce qu'il y a de mtaphysique dans la notion de libert, et une partie sociologique. Il faut cependant garder l'esprit que les deux aspects se recoupent. Remarque : pour une introduction gnrale cette notion, on peut lire du chapitre Un concept clef de la mtaphysique Les sens philosophiques fondamentaux du mot libert . Les chapitres suivants permettent d'approfondir la notion par la connaissance de ce que des philosophes en ont dit et par la diversit des points de vue. Le concept de libert en philosophie [modifier] Un concept clef de la mtaphysique La question de la libert peut tre considre comme une question mtaphysique par excellence dans la mesure o elle concerne le statut de l'homme au sein de la nature. La libert qualifie en effet la relation de l'homme en tant qu'agent et du monde physique, relation notamment considre dans son rapport un dterminisme suppos ou rel. Cette question concerne donc particulirement l'immanence et la transcendance de la volont humaine par rapport au monde. La libert s'oppose en gnral (ce n'est donc pas toujours le cas) au dterminisme, au fatalisme et toute doctrine qui soutient la thse de la ncessit du devenir. Le concept de libert divise trs schmatiquement les philosophes en deux camps : ceux qui en font le fondement de l'action et de la morale humaines (picure, Descartes, Kant), et ceux qui nient une quelconque transcendance de la volont par rapport des dterminismes tels que la sensibilit (Dmocrite, Spinoza, Nietzsche) : Il existait deux opinions sur lesquelles se partageaient les anciens philosophes, les uns pensant que tout se produit par le destin, en sorte que ce destin apportait la force de la ncessit (Dmocrite, Hraclite, Empdocle, Aristote taient de cet avis), les autres pour qui les mouvements volontaires de l'me existaient sans aucune intervention du destin ; Chrysippe, en position d'arbitre officieux, me parat avoir choisi la position intermdiaire ; mais ils se rattache plutt ceux qui veulent voir les mouvements de l'me librs de la ncessit. (Cicron, Du destin, 39). On dirait aujourd'hui qu'il y a une opposition entre physicalisme et mentalisme, i.e. entre la causalit physique (physicalisme) laquelle tous les tres peuvent tre rduits et la causalit mentale (mentalisme), qui peut tre une thorie matrialiste, tout en reconnaissant une action propre du mental. Dans le premier cas, il s'agit d'expliquer comment on peut naturaliser la volont, sans reconduire un dualisme mtaphysique classique, et comment il est encore possible de parler d'action et de responsabilit, alors que l'on en a supprim la condition ; dans le second cas, il s'agit plutt d'expliquer comment une causalit mentale est possible qui vite aussi ce dualisme souvent difficile rendre intelligible. Un des points les plus intressants que met ainsi en lumire cette opposition, c'est le caractre souvent difficile dterminer du concept de libert. [modifier] Origine et analyse du problme Le problme de la libert surgit naturellement quand la raison humaine cherche unifier les diffrents lments de sa reprsentation du monde. En effet, si l'explication philosophique comprend la ralit dans son intgralit, au moins idalement (et au contraire des sciences qui ont une partie seulement du monde pour objet), alors un effort d'unification de notre connaissance par une causalit unique est exigible, et cela afin d'viter les contradictions qui dcoulent de l'hypothse de l'existence de plusieurs causalits (psychique et physique) : il semble en effet impossible de penser l'interaction de deux causalits htrognes. Ce problme a particulirement sollicit la rflexion des philosophes de l'antiquit. La physique hellnistique est ainsi nettement dterministe. Mais cette unit causale a soulev et soulve encore de nos jours des problmes : si on unit les trois parties de la connaissance (physique, thique, logique), et aujourd'hui les sciences humaines et les sciences de la nature, comment rsoudre l'antagonisme entre destin et libert ? Le problme qui se pose est essentiellement d'ordre moral. Epicure fut contraint d'inventer le clinamen, et les stociens inventrent des raisonnements trs subtils pour tenter d'chapper ce qui ressemble une consquence invitable de ce qu'on appelle aujourd'hui le physicalisme. L'unit de nos reprsentations serait alors une unit logique. Mais la question se pose : si tout dpend du destin, comment certaines choses peuvent-elles encore dpendre de nous ? Ou bien la nature est seule matresse des choses, ou bien l'homme est matre lui aussi au sein de la nature. Cette contradiction dans notre connaissance est la troisime antinomie kantienne : suis-je libre, ou suis-je conduit par le destin ? La nature est ici entendue comme un pur enchanement causal ; il s'agit alors de concilier les deux affirmations : responsabilit morale et actes dtermins. Si on nie la causalit naturelle, on fait apparatre un concept de libert qui implique la nouveaut absolue dans l'ordre de la nature : la libert humaine doit pouvoir ouvrir des possibles en produisant des actions non-dtermines, indpendantes notamment des inclinations de notre sensibilit. Notre volont n'a alors aucune cause antcdente. Mais dans ce cas, la libert n'est pas une ralit intelligible : la libert sort du nant, elle constitue une sorte de miracle, d'o le caractre presque indicible de ce concept, puisque la libert semble tre dans ce cas au-del de la porte de l'intellect humain. Ainsi, en cherchant unifier nos connaissances, soit on fait de l'homme un tre dtermin, dont la volont est immanente la nature (donc on cherche naturaliser l'humain), soit on fait de l'homme un tre transcendant, irrductible en particulier sa nature animale. [modifier] Dfinition et critiques Une dfinition du sens commun serait que la libert c'est faire ce qu'on dsire sans rencontrer d'obstacle. C'est l'absence de contrainte et l'indpendance, comme, par exemple, le vagabond non assujetti un ordre social (Arthur Rimbaud, Jack Kerouac, etc). Carmen, dit, dans l'opra (musique) de Georges Bizet : Ce que je veux, c'est tre libre et faire ce qui me plat , avoir pour pays l'univers et pour loi sa volont . C'est l'ivresse de la libert : * un certain sentiment de libert peut accompagner l'acte volontaire, et mme lorsque l'action est empche, il nous reste le sentiment que c'est nous qui dcidons de la direction de notre volont ; * le sentiment de la libert peut natre de l'allgement des contraintes sociales, par exemple dans le temps festif (consommation excessive, dmesure), par opposition au temps ouvr (travail et production). La hirarchie sociale est renverse, comme dans les saturnales ou le carnaval. Mais cette libert n'est pas la libert au sens philosophique. En effet, contre la libert indpendance, il existe au moins deux types de critiques : * une critique moraliste : cette libert relve de la licence, i.e. de l'abandon au dsir. Or, il n'y a pas de libert sans loi (Rousseau, Emmanuel Kant), car la libert de tous serait en ce sens contradictoire : les dsirs universaliss s'annuleraient. La loi est donc ncessaire et il faut limiter l'extension de la libert pour garantir son exercice. Ces limites sont dans l'intrt mme de la libert, pour viter la tyrannie, les conflits et l'esclavage : On pourrait, sur ce qui prcde, ajouter l'acquis de l'tat civil la libert morale qui seule rend l'homme vraiment matre de lui; car l'impulsion du seul apptit est esclavage, et l'obissance la loi qu'on s'est prescrite est libert. (Rousseau, Le contrat social). On remarque que dans cette conception philosophique de la libert, les limites ne sont pas des limites contraignant la libert de la volont humaine ; ces limites dfinissent en ralit un domaine d'action o la libert peut exister, ce qui est tout autre chose. * une critique dterministe : s'abandonner ses dsirs, n'est-ce pas leur obir, et ds lors un tel abandon ne relve-t-il pas d'une forme dguise de dterminisme ? Nous serions alors victimes d'une illusion de libre arbitre : nous aurions une fausse conscience de la libert de notre volont parce que nous ignorons les vritables causes qui nous font agir. Ainsi, Spinoza crit dans L'Ethique : Telle est cette libert humaine que tous se vantent de possder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs apptits et ignorent les causes qui les dterminent. Un enfant croit librement appter le lait, un jeune garon irrit vouloir se venger et, s'il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre dcret de son me ce qu'ensuite, revenu la sobrit, il aurait voulu taire. De mme un dlirant, un bavard, et bien d'autres de mme farine, croient agir par un libre dcret de l'me et non se laisser contraindre . Nietzsche reprendra cette critique : ' Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dpendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indpendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ici qu'en toutes circonstances il remarquerait et reconnatrait sa dpendance ds qu'il la subirait, son postulat tant qu'il vit habituellement dans l'indpendance et qu'il prouverait aussitt une contradiction dans ses sentiments s'il venait exceptionnellement la perdre. Ces deux critiques mettent en lumire plusieurs points importants. En premier lieu, la libert ne peut se rduire l'indpendance par rapport au monde extrieur ; il faut galement une autonomie intrieure relle par laquelle nous nous donnons volontairement des rgles d'actions. Ainsi, alors que l'indpendance concerne les causes externes (dfinissant ce que je peux), l'autonomie concerne les causes qui sont la source de la volont (dfinissant ce que je veux). La rflexion philosophique intriorise le problme et cherche en trouver les conditions internes, en niant que la libert soit dpendante en quoi que ce soit du monde extrieur. En second lieu, il n'est pas certain que tout lien soit contraire l'indpendance. tre reli n'est pas toujours ngatif, car l'intersubjectivit est peut-tre plus fondamentale que l'indpendance du moi, dans la mesure o le moi est relation aux autres. Ainsi, pour Friedrich Nietzsche (et de mme pour Hegel), le toi est antrieur au moi. Il ne semble donc pas possible de concevoir une libert indpendance comme un tat monadique, o l'individu serait une totalit ferme, atome qui n'aurait que des relations qui lui seraient extrieures ou trangres. Les relations humaines seraient donc la fois des sources de conflits et d'alination, et des conditions de libert sociale et politique. [modifier] Les sens philosophiques fondamentaux du mot libert Pour faciliter l'exposition et la comprhension du problme philosophique de la libert, il est commode de partir de quelques modles fondamentaux, modles qui sont soit des conceptions majeures, soit des moments importants de l'histoire de la pense occidentale (cette liste n'est donc pas ferme) : 1. La libert comme libre arbitre de la volont ; 2. La libert d'indiffrence ; 3. La libert transcendantale ; 4. La libert morale ; 5. La libert jaillissement ; 6. La libert existentielle. 1. Libre arbitre: proprit de la volont (actus proprius), facult de choix qui associe raison et volont. C'est l'union de la spontanit et de l'intelligence. * Spontanit : c'est le fait de trouver l'intrieur de soi le principe de ses mouvements. Tous les animaux (en tant que mus par de dsirs internes) sont en ce sens des tres anims de manire spontane. * Intelligence : par l'intelligence, facult de choix, nous agissons par nous-mme en connaissance de cause ; nous avons un discernement de nos actes. La libert, c'est donc la spontanit claire par la raison ; cette conception de la libert n'est pas incompatible avec certaines formes de naturalisme. 2. Libert d'indiffrence (voir Libre arbitre) * Selon Descartes, c'est le plus bas degr de la libert . 3. Libert transcendantale : c'est la facult par laquelle l'individu peut disposer de lui-mme et dterminer sa volont en l'absence de toute contrainte physique, c'est--dire indpendamment de la causalit naturelle (chez Kant par exemple). Est dit libre l'homme qui se gouverne selon sa raison. Cela sous-entend que l'individu doit tre en mesure de faire preuve de discernement et d'un grand sens critique : l'homme libre se donne lui-mme des normes cognitives. Cette libert a deux conditions : l'indpendance et la spontanit. * Indpendance: notre arbitre est indpendant l'gard des contraintes des penchants de la sensibilit. Si l'homme est affect par des penchants qui inclinent son arbitre, il peut les mettre de ct, les suspendre, pour agir d'aprs d'autres motifs issus de la raison. Dans ce cas, l'arbitre et la raison transcendent le monde en dpassant la sensibilit. C'est une condition fondamentale de la libert : l'activit de la volont met en cause la passivit de notre rapport sensible au monde. * Spontanit de la raison : c'est la facult de crer du nouveau, d'ouvrir des possibles : la raison permet de poser un acte non dtermin par des causes passes. Il y a alors invention et surgissement de nouveaut. Dans ce cas, la raison se donne elle-mme sa loi, elle lgifre sans rien emprunter la nature. Si cette libert existe, alors il y a une diffrence radicale entre l'homme et la nature. (snip)